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Jacques Cheminade : La création humaine, source et mesure de l’économie réelle

Jacques Cheminade

Président de Solidarité & progrès, Paris.


« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Cette imprécation lancée par Bossuet au XVIIe siècle mérite de venir frapper aujourd’hui nos Etats d’Europe occidentale et d’Amérique du nord, où l’on s’émeut des statistiques et des formes apparentes – la croissance du chômage, des inégalités sociales, la consommation de drogue, les trafics d’argent et d’armes – sans s’en prendre à ce qui permettrait d’y mettre fin. Les oligarchies tiennent en effet les peuples dans un état de soumission volontaire et truquent l’environnement là où elles opèrent : pour accroître le Produit intérieur brut des Etats membres de l’Union européenne, les comptables européens recommandent désormais aux Etats d’inclure dans leurs statistiques les revenus de tous les trafics. Par la magie des marchés, la prostitution, par exemple, n’est plus un drame humain ou un coût, mais devient un bénéfice à inscrire dans les bilans. Le précepte de Mandeville, suivant lequel la somme des vices privés constitue la vertu publique, domine tous les comportements, jusqu’à faire du travail humain une variable d’ajustement, et du profit réalisé au détriment de son exploitation, la référence suprême des marchés.

Notre région transatlantique est ainsi dominée par la relation incestueuse entre les banques de Wall Street et de la City et les grands du numérique, le « septième continent » de GAFA – GAFA pour Google le cartographe et l’accumulateur de données, Apple le fournisseur d’applications, Facebook l’animateur social et Amazon le tenancier culturel. Ce système joue sans produire à la vitesse de la lumière, c’est le trading de haute fréquence, sans contrôle juridique, ce sont les plateformes alternatives et les banques de l’ombre, en ayant réduit les institutions des Etats en servitude par la dette et les individus à l’asservissement par le désir de posséder, en s’efforçant non seulement de savoir ce que nous faisons mais en tentant de prédire ce que nous allons faire, voire de le savoir avant nous-mêmes grâce à la multitude de données accumulées en nous ponctionnant à notre insu sur la toile.

Cette société prédatrice constitue la forme moderne de l’Empire britannique, mais avec les mêmes pulsions destructrices que celles qui furent le produit de la fusion entre la monarchie anglaise et la Compagnie des Indes orientales. Elle porte en elle la guerre comme la nuée porte l’orage, car son caractère prédateur la rend incapable de produire les ressources nécessaires aux générations futures. Ainsi, pour un euro ou un dollar produits, elle engendre au moins quatre euros de dettes et une accumulation de créances sans précédent historique. L’on connaît le chiffre officiel de produits financiers dérivés, qui sont des titres de pari sur des prix futurs que l’on se transmet indépendamment de la possession du bien sous-jacent : 800 000 milliards de dollars, soit plus de dix fois la production annuelle du monde entier. Le chiffre réel de toutes les créances accumulées, que personne n’est capable de fournir avec exactitude car les engagements croisés entre établissements sont tenus par des ordinateurs opérant au milliardième de seconde, est certainement supérieur à 2 millions de milliards de dollars !

Il s’agit réellement d’une finance folle, au sens propre du terme, mais d’une folie d’assassin pathologique. Elle détruit le capital humain sur lequel repose toute société. Les pays qui, comme l’Angleterre, les Etats-Unis ou l’Allemagne, affichent moins de chômeurs les ont supprimés par la manipulation statistique et la précarité organisée. Dans ces conditions il s’est créé dans le monde un « climat de guerre » que le pape François a justement dénoncé à Sarajevo. Nous vivons dans un « Empire qui tue », comme il l’avait déclaré il y a quelques mois. La folie de la finance est meurtrière. De plus en plus de responsables, depuis la Chine jusqu’aux Etats-Unis et surtout en Russie, comparent la situation actuelle à celle de la crise des missiles de Cuba, en 1962, sauf que cette fois ce sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’OTAN qui ont disposé leurs forces et leurs missiles nucléaires aux frontières de la Russie, rompant les promesses qui avaient été faites lors de la réunification de l’Allemagne.

Deux choses rendent cependant la situation dans laquelle nous nous trouvons infiniment plus dangereuse qu’en 1962. La première est que la majorité des citoyens ne se mobilisent plus contre la guerre qui vient ou contre le pillage de leurs vies. Et là où ils se mobilisent parce qu’ils sont le dos au mur de leur exploitation et de leur exclusion, comme en Grèce ou en Espagne, ils rejettent ce qui doit l’être mais n’ont aucun projet pour réaliser ce qu’il est nécessaire de faire. Or si nous voulons rétablir un monde de croissance réelle et de développement mutuel, nous devons apporter à l’élan des pays membres des BRICS et de leurs associés un surplus de force et un élargissement de l’horizon. Nous ne pouvons pas simplement dire que nous allons monter dans le train des BRICS et attendre qu’ils nous mènent à bon port. C’est mieux que de rester sur le quai ou de les combattre, comme les oligarques le voudraient, mais ce n’est pas à la mesure du défi, notre défi et le leur.

Nous devons apporter le meilleur de nous-mêmes, car c’est l’orientation économique du monde entier que nous devons changer. Ce n’est pas tel ou tel élément du système actuel qui provoque la catastrophe, mais c’est la « logique » de tout le système lui-même. C’est de système que nous devons changer. Ce changement est la condition d’une paix future, la capacité de créer les conditions d’un développement mutuel harmonieux, gagnant-gagnant, comme l’a répété à plusieurs reprises le président chinois Xi Jinping.

Pour cela, nous devons comprendre ce qu’est réellement l’économie. C’est en réalité la conception de ce qu’est réellement un être humain que nous devons retrouver en nous-mêmes. L’être humain n’est pas un animal géopolitique cherchant à occuper des territoires ou à contrôler des richesses au détriment d’autres êtres humains, il est celui qui se définit par sa capacité à découvrir les principes de l’univers qu’il habite et à modifier son environnement grâce à l’application de ses découvertes pour que lui-même et ses semblables croissent et se multiplient en y vivant mieux. Cela signifie que l’économie ne consiste pas à acheter bon marché, revendre plus cher et effectuer un profit monétaire, mais à construire des plateformes de développement mutuel pour produire mieux et plus avec moins, grâce aux applications technologiques dérivées des découvertes. C’est-à-dire accroître sa productivité par être humain, par unité de surface et par unité de matière incorporée dans le processus. Ces plateformes incorporent les moyens d’assurer cette dynamique : l’infrastructure humaine, école, hôpital et laboratoire, et l’infrastructure physique, transports et unités de production. L’homme politique et économiste américain Lyndon LaRouche a appelé cette capacité de l’être humain, le potentiel de densité démographique relatif, relatif au niveau de la plateforme technologique et humaine mise ainsi en place.

Cette notion de potentiel, de capacité par être humain, a été reprise par des amis russes de LaRouche. Le savant Pobitch Kouznetsov a proposé de l’appeler le « L », unité de mesure économique reflétant la création humaine appliquée et vérifiée. Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai intitulé mon intervention : « La création humaine, source et mesure de l’économie réelle ». Il est essentiel de souligner que dans leur conception de la « ceinture économique de la nouvelle route de la soie terrestre et maritime », les experts et dirigeants chinois ont exprimé la même conception de l’être humain. Autant que je puisse en juger, le shi traduit le jugement en termes du potentiel de situation à exploiter. La situation n’est plus ainsi ce à quoi je dois imposer un plan dressé d’avance dans tous ses détails, mais une mine dont j’explorerai les filons, une idée transformatrice opérant en sorte que quand j’engage mon action et mon combat, j’ai déjà gagné car j’ai préparé les conditions de gagner l’ennemi à moi en le transformant en partenaire. Ce que le dirigeant indien Narendra Modi a bien compris lorsqu’il a souligné, en clôture du sommet des BRICS à Fortaleza, en juillet de l’année dernière : « Pour la première fois, ils (les BRICS) rassemblent un groupe de pays en fonction de leur ’potentiel futur’ et non de leur prospérité actuelle et des identités partagées. L’idée même des BRICS est ainsi tournée vers l’avenir. Je crois qu’ils peuvent ainsi apporter de nouvelles perspectives et manières de faire aux institutions internationales existantes. »

Cette conception de l’économie est absolument opposée à la logique formelle d’Aristote basée sur le principe de non contradiction, selon laquelle un ennemi est un opposant à détruire. Ici au contraire, c’est un opposant à gagner, pourvu qu’on élève le débat. Comme Nicolas de Cues l’a souligné, la création suppose « la coïncidence des opposés », qui rend connaissable et maîtrisable à un niveau de conjecture supérieur ce qui, au niveau relativement inférieur, apparaissait comme inconnu et incapable d’être maîtrisé. Confucius, avec sa conception du ren, c’est-à-dire de l’avantage donné à autrui, permettant d’acquérir le « mandat du ciel » en l’instruisant, développe une démarche de nature semblable. Contrairement aux stupidités malthusiennes, pour qui « l’histoire du monde fini commence », Jean Bodin, dans ses Six livres de la République, affirme, à la suite du Cusain, qu’« il n’est richesse ni force que d’hommes », à condition qu’un dirigeant éclairé fasse « accord de discords », aspiration à l’unité dans la diversité dont le principe traverse lui aussi toute l’histoire chinoise.

Il est donc clair qu’Américains et Européens ont beaucoup à partager avec les BRICS et même à leur apporter. En France les règnes d’Henri IV, avec Sully, Laffemas et Olivier de Serres, en Allemagne les Lumières de l’Est avec Lessing et Mendelssohn et l’économie nationale de Friedrich List, et aux Etats-Unis avec la conception hamiltonienne de l’économie politique. C’est ici qu’est le plus clairement apparu un sens de l’économie et d’une société orientées par un vecteur de progrès scientifique et non par l’obéissance à une tradition.

Dans deux de ses quatre rapports fondateurs du « Système américain d’économie politique », Hamilton montre que le crédit public, organisé par une Banque nationale, est le fondement de l’économie, car il constitue un « pari sur l’avenir », sur la capacité qu’ont les investissements futurs de produire les moyens de rembourser la dette encourue. Le futur des Etats-Unis, avait-il compris, était dans les « manufactures », c’est-à-dire dans l’industrie, soutenues par le crédit public, et non dans l’agriculture, comme le voulait un Jefferson, car l’industrie est ce qui permet d’accroître la qualité et la quantité du travail humain. C’est l’accroissement de la densité des flux d’énergie et de technologie qui permet ce « surplus physique » permettant de réinvestir à un niveau encore supérieur de création humaine à l’avenir.

Dans son rapport sur une Banque nationale, Hamilton démontra en particulier, au grand étonnement des autres pères fondateurs, comment la dette pouvait être transformée en monnaie permettant d’émettre du crédit public. La Banque nationale fut conçue comme un réceptacle de dépôts provenant de revenus de toute origine, y compris des titres de la dette fédérale, pour être capitalisée et pouvoir prêter aux investisseurs. La dette servit ainsi de garantie pour faire circuler du crédit-monnaie et échapper au contrôle exercé sur l’économie américaine par des intérêts étrangers, notamment britanniques. Inutile d’ajouter que ces dépôts ne pouvaient être saisis ou les créances transformées en actions de la banque, comme on voudrait le faire aujourd’hui en Europe, pour renflouer les banquiers spéculateurs. Il s’agissait là d’économie réelle, attachée à des projets producteurs de productivité, et non à des jeux financiers gonflant des banques privées jusqu’à les rendre systémiques, c’est-à-dire leur permettant à cause de leur taille d’exercer un chantage à la faillite et d’exiger l’aide des Etats au détriment des peuples en cas de difficultés.

Cette référence est aujourd’hui essentielle pour traiter la question des dettes publiques grecques existantes. Il faut y ajouter, au regard des critères définis par Hamilton et des annulations de dettes en faveur de la République fédérale allemande en 1953, la séparation des dettes remboursables et légitimes de celles qui ne le sont pas. Ainsi, à peine 10 % des dettes encourues par la Grèce l’ont été dans l’intérêt de son peuple et de son économie ; le reste a bénéficié aux compradores de l’intérieur du pays et surtout aux financiers spéculateurs de l’extérieur, qui maintenant réclament indûment leur « livre de chair ». Si négociation il y a, elle devrait porter sur ce point, et non sur le garrot imposé par « les institutions » au peuple et à l’économie grecs, sous forme d’une austérité qui revient à saigner un corps rendu malade.

Plateforme de décollage et de développement, grands projets d’infrastructure, crédit public, densité de flux d’énergie et de technologie, essor des capacités créatrices des êtres humains : il y faut une direction, une inspiration et une adhésion. Charles de Gaulle, dans un discours prononcé à Lille le 1er octobre 1944, disait au sortir de la guerre : « Nous voulons donc la mise en commun de tout ce que nous possédons sur cette terre et, pour y réussir, il n’y a pas d’autre moyen que ce qu’on appelle l’économie dirigée. Nous voulons que ce soit l’Etat qui conduise au profit de tous l’effort économique de la nation tout entière, et faire en sorte que devienne meilleure la vie de chaque Français et de chaque Française. » Plus tôt, à Alger le 1er mai 1944, il précisait : « Cependant, les grandes affaires humaines ne se règlent point uniquement par la logique. Il y faut l’atmosphère que seule peut créer l’adhésion du sentiment. »

Il y faut aussi beaucoup de courage, qui est heureusement contagieux. Ecoutons Franklin Roosevelt, au Madison Square Garden de New York le 31 octobre 1936, parler de ses ennemis, qui étaient les mêmes qu’aujourd’hui les nôtres : « Ils sont unanimes dans leur haine à mon égard – et je me réjouis de leur haine. »

Une direction, une inspiration et une adhésion du sentiment : c’était « la détente, l’entente et la coopération » entre les peuples du général de Gaulle, et c’est aujourd’hui ce que Valentina Matviyenko, présidente du Conseil de la Fédération russe appelle « un certain format de coopération entre les cinq pays des BRICS ayant un agenda commun », y compris « la défense de leur souveraineté nationale, la protection et la promotion de leurs intérêts nationaux sur la base des principes d’égalité, de non interférence dans leurs affaires intérieures respectives et le refus d’un monde unipolaire ».

C’est ce qui porte la Chine à s’entendre avec l’Inde et la Russie, à ouvrir l’accès de sa Banque asiatique pour les investissements dans les infrastructures au Japon et aux Etats-Unis, malgré les contentieux historiques et les menées inamicales de l’un et de l’autre. C’est aussi ce qui porte des intérêts chinois à ouvrir un canal transocéanique au Nicaragua, à investir 50 milliards de dollars au Brésil et à financer un chemin de fer lui aussi transocéanique entre le Brésil et le Pérou. C’est enfin ce qui inspire à la Banque centrale de Russie de proposer un nouveau système de compensation (clearing) bancaire analogue au système occidental Swift.

Mesurons un instant le changement économique depuis cent ans. La Chine avait été le seul pays à ne pas signer en 1919 le Traité de Versailles, car on l’y avait dépouillée de ses terres. Elle n’avait même pas été invitée, bien que s’étant battue avec un grand courage contre le Japon, à la Conférence de San Francisco après la Seconde Guerre mondiale. En prenant ainsi conscience de ce qu’a souffert la Chine sur la scène du monde, nous pouvons mieux comprendre aujourd’hui sa sympathie pour la Grèce, de même que celle de la Russie.

Car nous faisons aujourd’hui subir à la Grèce, nous autres pays de l’Union européenne, ce que nous avons fait subir hier à la Chine. Sommes-nous capables de changer ? Sommes-nous capables de comprendre que ce qui arrive aujourd’hui à la Grèce peut arriver à chacun d’entre nous si nous ne changeons pas de politique ? Des voix s’élèvent en Allemagne, nous l’avons vu, pour réadmettre la Russie à la table du G8. C’est plus dans notre propre intérêt que dans celui de la Russie, car elle est désormais arrimée aux BRICS, c’est-à-dire à plus de la moitié de l’humanité. Sommes-nous enfin capables, Européens, d’éviter une nouvelle guerre ? Pour cela, le test va être maintenant ce que nous pourrons faire pour la Grèce, c’est-à-dire, de fait, pour nous-mêmes.

L’économie, c’est retrouver ces conditions du vouloir-vivre en commun en faisant du rassemblement de nos compétences créatrices un tout supérieur à chacune des parties.

Aujourd’hui, au-dessus de l’Europe orientale ou même plus près de nous, aujourd’hui en mer de Chine, deux avions qui se frôlent et tout peut dégénérer. Aujourd’hui, les politiques de dépopulation ont commencé et face aux flots de réfugiés, nos pays n’ont su penser qu’à bombarder les bateaux des passeurs et engager une nouvelle expédition coloniale. Sommes-nous assez bêtes pour sombrer dans une barbarie mortelle pour l’autre et suicidaire pour nous-mêmes ? L’économie, c’est retrouver la bonté créatrice du Prométhée d’Eschyle, offrant à tous la possibilité de croître et de se multiplier en maîtrisant la science au-delà du connu, et nous ressourcer dans ce que nous avons porté de meilleur. L’économie, c’est faire pour la paix par le développement mutuel au XXIe siècle ce que le XXe siècle a fait pour la guerre, c’est changer radicalement, du tout au tout, notre façon de penser et de concevoir le monde.

L’économie, ce seront les villes intelligentes du futur, le numérique arraché aux intérêts financiers et non plus seulement source de destruction d’emplois, comme l’annoncent tous les instituts de prospective, mais fondation d’une nouvelle économie associée aux formes de production des énergies plus denses du futur, comme la fusion thermonucléaire contrôlée. Il n’est pas d’issue qui ramène au passé, et c’est en retrouvant la confiance dans leurs propres pouvoirs créateurs et en échappant à leur exploitation par les oligarchies dominatrices du monde transatlantique que les êtres humains s’élèveront à la hauteur du défi de notre époque. L’exploration et la maîtrise de l’espace joueront un rôle nécessairement fondamental comme objectif commun de l’humanité, pour échapper à notre berceau terrestre.

Cependant, rien de tout cela ne se produira fatalement ou mécaniquement. La réalité est subjective. Nous devons retrouver le courage de Victor Hugo, en 1861, dénonçant le sac du Palais d’été, le jardin des tourbillons d’eau pure et les jardins de la clarté parfaite, construits par l’empereur Qiang Lon et les jésuites : « Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié… Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre…On voit à tout cela mêlé le nom d’Elgin, qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’été, plus complètement et mieux, de manière à ne rien laisser. » Pour avoir fait cela, nous devons à la Chine d’entrer aujourd’hui avec elle dans le futur, non pour détruire mais pour bâtir le monde à l’ère des BRICS. Laissez-moi cependant vous dire que je suis fier que la lettre de Victor Hugo soit aujourd’hui sur les sites officiels chinois et sur internet avec une traduction en mandarin. Je voudrais moi-même parler de ce que nous faisons à la Grèce et aux migrants venus d’Afrique avec la même colère inspirée que celle de Victor Hugo.

Cependant, il y a lieu d’être optimistes et retrouver les raisons d’espérer. D’abord parce que sont les BRICS qui donnent désormais le la du monde et qu’un nouvel élan vers une mutation politique se manifeste en Europe, en particulier là où l’économie physique est encore relativement la plus forte, en Allemagne, comme nous l’avons vu hier, et aussi aux Etats-Unis, avec notre mouvement politique et la candidature du démocrate O’Malley qui a pris parti contre les bandits de Wall Street et appelé au retour au Glass-Steagall de Roosevelt.

Regardons cette salle, nous avons parmi nous des amis et des combattants du monde entier. Alors nous pouvons espérer que la Route de la soie arrive parmi nous, et que nous puissions en faire un objectif commun de l’humanité, dans sa manière de penser le monde en arpentant l’inconnu, au cœur de nous-mêmes comme dans la maîtrise croissante de ce qui est à l’œuvre à l’échelle de notre système solaire et de notre galaxie, car c’est là, oui c’est bien là, comme vous le diront les orateurs suivants, que se situe l’économie, la réelle, celle de notre futur.

Puisque j’ai convoqué Victor Hugo, demandons-lui un peu plus – Confucius nous dit qu’il faut mettre ses amis à l’épreuve pour qu’ils s’élèvent au-dessus des contradictions d’une situation – et puis c’est en juin, il y a 130 ans, qu’il est entré le premier dans notre Panthéon, écoutons-le dans Lux :

« Temps futur ! vision sublime !
Les peuples sont hors de l’abîme.
……………………………………………
Au fond des cieux un point scintille.
Regardez, il grandit, il brille,
Il approche, énorme et vermeil.
Ô République universelle
Tu n’es encor que l’étincelle,
Demain tu seras le soleil ! »

Simone Weil, notre grande philosophe platonicienne, ne disait-elle pas que dans tout travail humain il y a une part de poésie, car le travail réellement humain est toujours créateur. Voici le travail qui nous attend. A quelqu’un qui me demandait pourquoi Mme Helga Zepp-LaRouche et les responsables chinois avaient trouvé ce nom, étrange à ses yeux, de « Nouvelle route de la soie », j’ai répondu : mais c’était pour eux naturel, l’économie est fondée sur le travail humain créateur, et ce travail est porteur de poésie. C’est ce que nous ferons du monde qui nous donnera son verdict.

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