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Jayshree Sengupta: Les BRICS et le nouvel ordre international

Jayshree Sengupta

Membre Honoraire, Observer Research Foundation, New Delhi, Inde


Un groupe de pays émergents dénommé les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a vu le jour au début du XXIe siècle, lorsque Goldman Sachs inventa ce terme en 2002. Aujourd’hui, le mot BRICS signifie l’aube d’une nouvelle ère. Pour la première fois, on a un ensemble qui incarne la nouvelle puissance du monde derrière cinq nations émergentes, riches en ressources humaines et matérielles et pouvant se vanter d’une riche histoire de civilisation et de culture.

Il dispose aussi d’un énorme potentiel de croissance, même si on peut parler de pays « en voie de développement ». Ce groupe est divers, mais il existe une espèce de colle ou « ciment » qui les liera à l’avenir. Trois pays membres ont des ressources abondantes et sont peu peuplés, les deux autres sont fortement peuplés et parmi les plus grands consommateurs de ressources.

Ils se sont donné un agenda comprenant la recherche d’un « nouvel ordre mondial » dans lequel ils joueraient un rôle majeur, ce qui pourrait mettre un terme au monde unipolaire actuel et faire émerger un monde polycentrique et multipolaire. La première réunion des BRICS s’est tenue à Ekaterinbourg, en Russie, le 16 juin 2009, suite à la crise financière mondiale. L’Afrique du Sud s’y est jointe en 2011.

Le groupe des BRICS est très important et le sera plus encore à l’avenir du point de vue de leur part dans la production mondiale, le commerce, la démographie, l’investissement et les revenus. Aujourd’hui, ces pays représentent 18 % du commerce mondial, hébergent 46 % de la population mondiale et possèdent un PIB cumulé de 24 milliards de dollars. Ils couvrent 26 % de la surface terrestre.

Comme l’a dit le Premier ministre indien Narendra Modi,

Pour la première fois, il réunit un groupe de nations autour du paramètre du “potentiel futur”, plutôt que de la prospérité existante ou des identités partagées. Ainsi, l’idée même des BRICS est tournée vers l’avenir.

Un tel groupe est déjà une « source d’inquiétude » pour les pays qui dominent l’ordre mondial actuel, notamment pour les institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Les BRICS cherchent à obtenir un rôle de leadership dans le paradigme de gouvernance politique et économique mondial et aspirent à une plus grande équité pour le monde en développement. Ils exigent des réformes drastiques des institutions telles que le Conseil de sécurité de l’ONU, la Banque mondiale ou le FMI.

Le cas de l’Inde et les BRICS

L’Inde, pays connu pour sa civilisation ancienne et son riche héritage culturel, est membre des BRICS. Bien que possédant quelques-uns des plus beaux monuments du monde et des artisans et tisserands parmi les plus qualifiés, c’est un pays en voie de développement. Toutefois, en termes de PIB, en raison de son immense population de près de 1,3 milliard d’âmes, c’est la troisième économie du monde. L’Inde a un énorme potentiel de croissance si tout marche bien, mais si les politiques déraillent, ce sera le chaos.

Elle a une population jeune (65 % ayant moins de 40 ans) et une classe moyenne montante qui avoisine les 350 millions de personnes. Elle se bat encore contre le dénuement et une pauvreté abjecte, et doit créer des millions d’emplois à l’avenir.
Après avoir subi durant deux cents ans la domination coloniale britannique, marquée par l’exploitation et l’oppression, l’Inde a gagné son indépendance en 1947. Les dirigeants Mahatma Gandhi et Jawaharlal Nehru entrevoyaient une Inde autogouvernée de valeurs démocratiques et de non-violence, et une humanité plus harmonieuse.

Ils ont opté pour la self-reliance (c’est-à-dire la souveraineté économique) et Nehru a fortement encouragé la consolidation d’une industrie de biens d’équipement pour permettre l’industrialisation rapide et la croissance économique. En 1950, il a lancé le premier plan quinquennal de l’Inde.

Toutefois, beaucoup de problèmes se sont posés au cours des deux premières décennies de l’indépendance, et l’Inde a traversé de nombreuses crises marquées par des pénuries alimentaires, une croissance lente, des difficultés de change et des guerres avec ses voisins.

En 1991, menacée d’insolvabilité, elle a dû se tourner vers le FMI pour un plan de sauvetage et elle a choisi la réforme des marchés et la libéralisation comme voie de développement.

Depuis lors, la libéralisation de l’économie indienne a engendré des avantages comme des désavantages. La mondialisation a permis un enrichissement énorme pour certains, avec une dizaine de milliardaires (en dollars) et 14 800 millionnaires. Elle a favorisé la corruption et la création d’une élite qui s’est attribué des privilèges et des actifs. Mais une très grande partie de la population, privée d’atouts et de qualifications, a été laissée pour compte.

Ainsi, après deux décennies de libéralisation, on se retrouve avec deux Indes. L’une est prospère et jouit d’un style de vie comparable à celui du Premier monde, tandis que dans l’autre, les gens vivent dans l’indignité et endurent de multiples privations. Les disparités régionales ont mené à des niveaux de vie disparates. Dans certains Etats, l’absence de loi et de gouvernance est plus forte que dans d’autres. Les valeurs comme le patriarcat et la classe ou la discrimination de caste et de genre, n’ont pas changé malgré la libéralisation de l’économie.

Un aspect central de la libéralisation – l’acquisition de terrains pour construire de l’immobilier, des usines, des zones industrielles pour l’exportation (EPZ) – a joué contre les pauvres, car ils n’ont pas reçu de juste compensation pour les terres utilisées. Tout en apportant une richesse immense à certains, la libéralisation a entraîné la paupérisation d’importantes tranches de la population. Il nous faut donc atteindre un équilibre à travers une meilleure gouvernance et un leadership dévoué.

L’économie informelle occupe encore 90 % de la force de travail indienne, forte de 465 millions de personnes. La mondialisation a donné un rôle plus important au secteur privé, mais il n’occupe que 8 % de la force de travail. De même, le secteur ITC (technologies de l’information et communications) n’en représente que 2 %. Le problème auquel l’Inde fait face est la création d’emplois pour les 12,8 millions de jeunes qui rejoignent chaque année la population active.

Après dix ans de politique néolibérale, nous avons connu un changement de gouvernement. Un modeste vendeur de thé est devenu Premier ministre. C’est un homme qui veut faire de l’Inde un grand pays, mais en suivant sa propre voie de développement, contrairement aux diktats de l’OMC, de l’UE, de la Banque mondiale et du FMI. Il a déjà refusé d’ouvrir le secteur de la distribution, un marché de 500 milliards de dollars, aux multinationales étrangères telle que Walmart, Tesco, etc. En effet, si les géants de la distribution parvenaient à s’implanter en Inde, cela menacerait les moyens d’existence de 40 millions de petits commerçants.

Il a également refusé de signer le TFA (Trade Facilitation Act – loi facilitant le commerce.[1]) de l’OMC, parce que cette loi compromettrait la position indienne en matière de sécurité alimentaire. On espère que la présidence de Narendra Modi adoptera des réformes différentes, qui contribueront à aider les gens ordinaires au lieu des seuls riches.

Pendant ces années de politique néolibérale, les ressources en minerais de l’Inde ont été volées et les tribus indigènes se sont fait confisquer leurs terres par la mafia foncière.

Mécontents et appauvris, sans qualification ni atouts, les pauvres des tribus dans un tiers des 600 districts de l’Inde ont lancé une lutte armée, ce qui reste une grande menace sécuritaire non traditionnelle dans le pays. Le secteur minier, sous la pression des multinationales, est aussi infecté d’escroqueries et de corruption.

Plus que de tout autre chose, l’Inde a besoin d’infrastructure pour assurer sa croissance et sa prospérité. Si les investissements directs étrangers cherchent à pénétrer le marché indien pour y vendre à la classe moyenne en croissance leurs biens de consommation, notamment en prenant le contrôle du commerce au détail, très peu d’entreprises de développement de l’infrastructure veulent miser sur l’avenir de l’Inde.

C’est dans ce contexte que l’Inde saluerait cette Nouvelle Banque de développement des BRICS qui accordera au monde en développement des prêts sans conditions pour l’infrastructure.

La Nouvelle banque de développement

La création de la Nouvelle banque de développement (NBD) lors du sommet des BRICS à Fortaleza, au Brésil, suscite beaucoup de scepticisme. Elle est considérée comme une concurrente de la Banque de développement asiatique (ADB) et un défi aux institutions jumelles de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), qui ont dominé l’architecture financière internationale dans l’après-guerre.

Le discours du développement mondial a malheureusement été conçu, pour l’essentiel, par des institutions créées au cours du XXe siècle et qui ne reflètent pas les réalités contemporaines. Aujourd’hui, par exemple, le seul consensus de développement semble être « le consensus de Washington », qui vise à maximiser le rôle du marché et réduire le rôle des gouvernements dans les pays en développement. Il est clair que pour le XXIe siècle, ce n’est pas forcément la panacée.

Le concept de « taille unique pour tous » n’a pas été couronné de succès, comme le démontre la disparité des progrès accomplis par les pays en développement pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

La Nouvelle banque de développement des BRICS sera ainsi une alternative viable pour ces pays, dépourvus de représentation adéquate au sein des instances dirigeantes du FMI et de la Banque mondiale. Les réformes du système de quotes-parts et de droits de vote n’ont jamais abouti, du fait que la législation le permettant est bloquée par le Congrès américain depuis 2010. Cette réforme aurait pu réduire le poids prédominant des pays industrialisés au sein du FMI au profit des émergents. Les BRICS pèsent un cinquième de l’économie mondiale mais ne disposent que de 11 % des droits de vote au sein du FMI. La Chine, deuxième économie mondiale après les États-Unis, y dispose de moins de voix que le Benelux !

La Russie mise à part, les BRICS demeurent un forum de pays en développement et ce qui compte pour eux, c’est le développement, en particulier les grands emprunts pour les travaux infrastructurels. Espérons que lorsque la banque sera en place, il y aura moins de retards dans la disponibilité du crédit et moins de « conditionnalités ». Elle offrira aux pays membres une protection contre les pressions des marchés et inclura des swaps de devises lorsque leurs monnaies nationales seront malmenées par des turbulences financières mondiales. A cet effet, les BRICS ont signé au Brésil un « accord-cadre non contraignant »(Contingent Reserve Arrangement, CRA), instaurant une réserve de change commune de 100 milliards de dollars.

La Chine en sera le premier contributeur, ce qui fait craindre à certains qu’elle cherche à dominer la banque. Elle apportera 41 milliards de dollars, la Russie, le Brésil et l’Inde 18 milliards de dollars chacun et l’Afrique du Sud, 5 milliards. Bien qu’ayant son siège à Shanghai, la NBD ne sera pas dominée par la Chine.
La banque fonctionnera selon une approche démocratique et chaque membre obtiendra des droits de vote égaux. En ce qui concerne sa gestion, le premier président sera un Indien, le président du conseil des gouverneurs sera un Russe et le président du conseil d’administration sera brésilien. Le premier centre régional sera implanté en Afrique du Sud.

Il existe bien sûr des problèmes entre membres des BRICS, par exemple la Chine et l’Inde ont depuis très longtemps un problème frontalier qu’on doit résoudre. Ce problème nous a même amenés à nous faire la guerre en 1962. Le besoin existe également de relancer la croissance économique dans tous les pays membres des BRICS, et il est donc de la plus haute importance pour eux de disposer d’un forum et d’une banque qui leur soit propre et qu’ils contrôlent.

La banque des BRICS ne cherche pas à se substituer au FMI et à la Banque mondiale, mais jouera un rôle complémentaire répondant aux besoins des pays en développement. Beaucoup de petits pays d’Asie du Sud et d’Afrique pourraient frapper à sa porte pour des prêts dont les conditions seraient moins sévères que celles exigées naguère par les grandes banques régionales. La NBD réussira si elle adopte un mécanisme robuste d’appréciation des projets qu’elle décide de financer.
L’adhésion à la Banque sera ouverte à d’autres pays, mais la part BRICS ne peut descendre en dessous de 55 %. En fait, quand elle commencera à fonctionner pleinement, l’ère sera terminée où les pays du G-7 imposent leur monopole et la voix des pays du Sud se fera entendre.

Équipés de leur propre banque, les BRICS auront une plus grande flexibilité dans l’élaboration de la politique monétaire et par conséquent sur les marchés mondiaux. Avec l’aide de la NBD, ils peuvent travailler ensemble sans être cadenassés par le cadre rigide du Consensus de Washington.

L’accent sera mis sur le renforcement des capacités productives des pays emprunteurs. Les financements iront aussi bien soutenir les capacités nationales existantes pour la gestion et l’exécution de projets que financer de nouvelles institutions permettant de mesurer plus facilement l’impact du développement des pays bénéficiaires. Cela pourrait se faire grâce à des facilités de financements de la NBD prévues à cet effet.

Le protocole d’accord entre les fonds de garanties à l’exportation et l’accord interbancaire sur l’innovation stimulera encore davantage la coopération entre les BRICS.

Agenda des BRICS

L’ordre du jour des BRICS est forcément complexe si l’on cherche à créer un puissant forum d’importance mondiale. Il faut travailler dur pour identifier de nouveaux domaines de convergence. Ce n’est plus le moment de se conformer aux anciens modèles et paradigmes car nous vivons une ère où les regroupements se feront autour de thèmes.

Le premier point de l’agenda est d’apporter des changements dans l’architecture financière mondiale et de réformer les institutions financières mondiales. La mise en place de la NBD signifie que les pays émergents ont besoin de leur propre système financier et suivent leurs propres règles et droits de vote puisque les réformes du FMI ont été renvoyées aux calandres grecques.

La deuxième tâche consiste à établir une coopération entre pays membres des BRICS sur le plan de la sécurité alimentaire, le stress hydrique, la santé, la croissance inclusive, l’urbanisation, l’éducation, le commerce et l’investissement. Les membres ont des besoins différents, leur niveau de développement humain et leurs infrastructures sont différents et dans de nombreux cas, nécessitent une amélioration conséquente.

Par exemple, dans le domaine de la santé, les BRICS souffrent d’un développement inégal qui nécessite un immense effort de coopération. La NBD des BRICS peut faciliter l’accès aux ressources pour améliorer le fonctionnement du secteur de la santé, en particulier en Inde, en Russie et en Afrique du Sud.

Une coopération s’élabore dans les domaines de l’urbanisme et de la santé pour presque la moitié de la population mondiale que représentent les BRICS. Le partage des ressources, la technologie, la R&D, ainsi que la coordination entre des secteurs clés tels que l’informatique, l’énergie et la haute technologie, sont également à l’ordre du jour pour les cinq membres.

Les BRICS ont l’intention de partager leurs pratiques et expériences autochtones afin d’apprendre comment répondre aux immenses défis économiques et sociaux, internes et externes.

Les BRICS ont souligné à plusieurs reprises l’importance de réduire les inégalités et la pauvreté. Si l’on prend pour mesure l’indice de développement humain, la plupart des membres sont à la traîne de ceux des pays développés. Les BRICS ont un coefficient de Gini[2] de 0,49 contre 0,31 dans les pays développés, et l’espérance de vie y est de 68,1 ans, tandis qu’il est de 80 dans le secteur développé. De même, en termes de scolarisation, la durée moyenne chez les BRICS est de 8,14 années contre 13 dans les pays développés,

La moyenne pondérée des investissements en infrastructure chez les BRICS nécessitera environ 7 % du PIB du pays concerné, ce qui est beaucoup plus élevé que le pourcentage requis dans les pays développés. L’Inde aura besoin d’y investir 9,6 % de son PIB dans les cinq prochaines années.

Troisièmement, les BRICS visent à accroître l’utilisation des devises des cinq pays membres afin de promouvoir le commerce intra-BRICS et de faciliter un mécanisme dynamique permettant une plus grande coopération entre les places financières des cinq pays.

Quatrièmement, l’ordre du jour des BRICS comprend également des enjeux de politique mondiale, notamment de renoncer à utiliser la « menace de la force »dans les relations internationales, l’importance d’une approche multilatérale des problèmes mondiaux et la reconnaissance du G-20 comme la première institution en charge des questions économiques et financières.

Il vise à établir une feuille de route pour un monde multipolaire. Les BRICS aspirent à jouer un rôle de chef de file dans le paradigme de la gouvernance politique et économique mondiale et à une plus grande équité pour les pays en développement.

Il s’agit également d’intégrer le marché et de veiller à ce que les cinq membres deviennent moins dépendants de l’évolution cyclique de l’économie mondiale et des soubresauts de la valeur du dollar américain à cause des changements de politique monétaire. L’émergence des BRICS reflète le mouvement du tiers monde du XXIe siècle et l’émergence d’une solidarité Sud-Sud.

Le commerce Sud-Sud s’élève déjà à 2200 milliards de dollars, dépassant le commerce Nord-Sud. La NBD porte la promesse de devenir une source majeure de capitaux pour le monde en développement désireux de développer des infrastructures. L’Inde et le Brésil en particulier ont besoin d’améliorer à la fois leurs infrastructures physiques et sociales, ce qui nécessitera des milliards de dollars.

Les BRICS ont également l’intention d’intensifier leur coopération dans la lutte contre le terrorisme, la cyber-sécurité et le changement climatique.
Les BRICS abritent certains des territoires les plus précieux pour la biodiversité. Ils travailleront de façon préventive afin de protéger ces zones en promouvant le développement durable et préservant la base écologique dans chacun des pays membres. Ils entendent également coopérer en prévision de conflits migratoires potentiels résultant du changement climatique dans les zones exposées du littoral ou ailleurs.

Le Premier ministre indien a déclaré que les échanges entre les BRICS devraient dépasser les niveaux d’échanges entre leurs propres régions, villes et organismes locaux. Il a insisté sur le fait que les BRICS doivent être guidés par les contacts entre les peuples et que les jeunes devraient être au premier rang.

Gagnant en puissance, les BRICS deviendront un défi majeur pour cet ordre ancien, né dans l’après-guerre et qui doit être modifié en fonction des réalités du XXIe siècle et de l’exigence d’un monde multipolaire.

Les BRICS sont appelés à se développer et certains pays sont déjà en attente pour les rejoindre : la Turquie, l’Indonésie et le Mexique. D’autres pays plus petits pourront également demander leur adhésion au fur et à mesure que la voix des BRICS s’affirme.


[1] L’Inde est hélas obligée d’accorder des subventions indirectes à 80 millions de ses paysans pour la simple raison qu’ils ne disposent d’aucun compte en banque. Prévoir des réserves physiques de nourriture pour 1,2 milliards de personnes est donc une nécessité absolue. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’en méfie, du fait que cela pourrait provoquer des distorsions de prix au cas où l’Inde déciderait de vendre ses excédents sur les marchés. Le montant total des subventions s’élève désormais à près de 10 % de la valeur de la production alimentaire et dépasse la limite fixée par l’OMC. Puisque l’on doit calculer la valeur de la production alimentaire au prix de 1986 et que le taux d’inflation alimentaire en Inde est aujourd’hui élevé, celle-ci a refusé de signer le TFA.

[2] Le coefficient de Gini est une mesure statistique de la dispersion d’une distribution dans une population donnée, développée par le statisticien italien Corrado Gini.

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